Dire la honte

La honte est sans doute l’une des émotions les plus lourdes et indicibles que nous pouvons ressentir.

Elle naît souvent de l’humiliation, qu’elle soit vécue ou perçue, et grandit chaque jour, devenant de plus en plus terrifiante. Tel un monstre caché sous le lit, elle reste une menace omniprésente tant que nous n’osons pas l’affronter.

Exprimer sa honte est le premier pas pour s’en libérer. « J’ai honte »… Ce sont les mots que Marie, Frédéric, Nancy et bien d’autres ont pu prononcer dans mon cabinet. À chaque fois, j’ai ressenti une immense gratitude pour leur confiance, car en exprimant leur honte, ils commençaient à expulser le poison qui les rongeait.

Sortir cette honte, c’est un cadeau pour la relation thérapeutique. C’est un moment de grâce : celui où ton patient semble te dire « voilà, elle est là, la pire facette de moi-même, j’ai confiance en vous, je vous la livre car je sais que nous allons la confronter ensemble.”

La honte perd de son pouvoir dès qu’on la verbalise. Elle se nourrit du silence et du secret. En la disant, on lui montre qu’elle ne nous fait plus peur et qu’elle ne nous emprisonnera plus.

Quand la honte n’a plus d’arguments

Une fois la honte exprimée, on réalise souvent qu’elle n’avait aucune raison d’être. Elle est irrationnelle, nourrie par des peurs infondées.

Elle nous a raconté, durant toutes ces années, que quelque chose en nous serait monstrueux… et nous l’avons écoutée.

Pourtant, une fois sortie de son trou, elle n’a plus aucun argument.

Regardez-la en face et demandez-lui : « Ok, je t’écoute, quelle est cette chose ignoble en moi que je dois cacher à moi et au monde ? »

Regardez-la bien dans les yeux et demandez-lui : « Dis-moi, honte… quelle est cette tare abjecte que j’aurais à cacher ? »

Vous verrez… souvent, elle se dégonfle et ne parvient même pas à vous offrir le début d’une bonne raison.

Dire les émotions intériorisées

En thérapie, nous travaillons souvent sur l’expression des émotions intériorisées, comme la honte. Ces émotions enfouies, profondément ancrées dans notre inconscient, deviennent accessibles grâce à des approches telles que l’EMDR ou l’hypnose.

Ces techniques permettent d’accéder aux émotions cachées, de les reconnaître et de les libérer. Elles créent un espace sécurisé pour explorer ces monstres intérieurs, leur donner un visage, et finalement, les transformer.

Serge Tisseron nous parle dans cette vidéo de la façon de dire la honte, pour ne pas qu’elle se transmette. Déchargeons nos valises pour éviter de les donner à nos enfants.

Déterrer la honte pour mieux la regarder

Travailler sur la honte en séance est essentiel, car sa nature même la pousse à se cacher. Elle reste profondément enfouie et silencieuse, tentant d’échapper à toute confrontation.

Notre rôle en tant que thérapeutes est de créer un espace suffisamment sécurisant pour que nos patient.e.s osent aller voir leurs “monstres” et les confronter. C’est dans cet espace que la honte commence à perdre son pouvoir, et que la libération devient possible. Pour prendre contact avec nous, RDV dans notre section thérapeutes!