Comment j’ai découvert l’hypnose pour la douleur
Cécile était venue pour une interruption de grossesse au Centre de Planning Familial où je travaillais comme psychologue.
Mon rôle était de la soutenir pendant que le médecin procédait à l’intervention. Je lui tenais la main, cherchant à détourner son attention de l’anxiété qu’elle éprouvait.
Bien sûr, je lui demande si son choix est toujours clair. Elle confirme sans hésitation, mais avoue être terrifiée par la douleur.
Malgré mes efforts, elle commence à hyperventiler. Rien n’y fait. Lui tenant toujours la main, je me souviens alors que j’avais suivi une formation en hypnose thérapeutique quelques années auparavant… sans jamais vraiment l’utiliser. J’ai décidé de tenter, sur le vif.
Première expérience d’hypnothérapie contre la douleur
Impossible de pratiquer une induction classique. Cécile était en pleine panique.
Je choisis alors de me synchroniser avec elle : rythme de voix, respiration, posture.
Puis je lui demande d’identifier la sensation dans son corps : sa forme, sa couleur, sa taille.
Petit à petit, elle se calme. Elle sort de sa transe négative pour entrer dans une transe apaisée, proche de l’hypnose légère.
Sa peur diminue, son corps se relâche, et elle me demande de continuer durant l’intervention. Pendant tout le soin, elle voyage dans son imaginaire : un ballon qui devient montgolfière, un cheval galopant sur la plage… Pendant ce temps, le médecin poursuit, impressionné par la sérénité retrouvée.
Moi, j’étais éblouie par la puissance de l’hypnose anti-douleur.
De l’expérience clinique à la spécialisation en hypnoanalgésie
Après cette expérience, le planning familial d’Ixelles a mis en place une recherche-action sur l’hypnose et la gestion de la douleur lors des IVG.
Les résultats furent frappants : moins d’angoisse, moins de douleur, plus de calme.
De mon côté, je suis retournée me former, cette fois spécifiquement en hypnoanalgésie. J’étais la seule psychologue parmi des médecins et infirmiers. Très vite, la gestion de la douleur aiguë et chronique est devenue l’un de mes domaines de prédilection en hypnothérapie.
Hypnose et douleur : ce que disent les études
De nombreuses recherches scientifiques confirment l’efficacité de l’hypnose dans la prise en charge de la douleur chronique et neuropathique.
-
Étude Abrahamsen (2008) : chez 45 patients souffrant de douleurs orofaciales persistantes, l’hypnose a permis une diminution significative de la douleur, une réduction de la consommation d’antalgiques et une amélioration du sommeil.
-
Étude Castel (2007) : sur des patients atteints de fibromyalgie, seule l’hypnose avec suggestions analgésiques a eu un effet marqué sur l’intensité de la douleur et sa composante sensitive, bien plus qu’une simple relaxation.
Ces résultats renforcent ce que j’avais observé moi-même auprès de mes patient·es.
Pourquoi l’hypnose soulage la douleur
La douleur est définie par l’IASP comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable. Elle est toujours réelle, même lorsqu’aucune lésion n’est visible.
L’hypnose agit sur plusieurs dimensions :
-
la composante sensorielle (intensité, localisation),
-
la composante émotionnelle (peur, anxiété associée),
-
la composante cognitive (pensées autour de la douleur),
-
la composante motivationnelle (comportements, évitement).
Ainsi, l’hypnothérapie pour la douleur n’est pas seulement un outil anti-douleur ponctuel : c’est une manière d’accompagner la personne dans toutes les facettes de son vécu. C’est ce que proposent nos thérapeutes dans le centre Hypno’Santé.
Hypnose, autonomie et précautions
L’un des grands atouts est que les patients peuvent rapidement apprendre l’auto-hypnose et devenir plus autonomes dans leur gestion de la douleur.
Mais il est essentiel de rappeler :
👉 L’hypnose ne remplace pas un diagnostic médical.
👉 Elle ne « guérit » pas, mais accompagne efficacement, en complément d’une prise en charge médicale adaptée.
C’est pour cette raison que je propose aujourd’hui une formation en hypnoanalgésie à toute personne formée en hypnose, avec une insistance sur la prudence et l’éthique professionnelle.